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Rencontre avec... Pierrelune Betrancourt d'Enfance et Partage !


Pourriez-vous nous décrire votre parcours en quelques mots et nous indiquer votre fonction au sein d’Enfance et Partage ?


Je suis bénévole depuis 8 ans à Enfance et Partage. J’occupe la fonction de secrétaire générale et je suis en charge de la commission éducation préventive.


J’ai commencé ma carrière dans l’Éducation nationale et j’ai terminé dans la direction d’un organisme de formation des adultes. J’ai consacré 20 ans à l’enseignement de la pédagogie auprès des futurs formateurs.


Quelles sont selon vous les forces d’Enfance et Partage ?


Pour moi il y a trois forces principales qui sont : sa mission, ses équipes et sa couverture nationale.


Sa couverture nationale et ses équipes : nous sommes répartis sur toute la France en 20 comités locaux. Nous avons aussi 11 experts salariés au siège à Paris (juristes, psychologues et puéricultrices).


Ces comités sont composés de 280 bénévoles formés et fortement engagés. Pour faire ce qu’ils font, sur des sujets extrêmement sensibles, il faut être fortement engagé. Ils ont beaucoup de missions à accomplir. De plus Enfance et Partage travaille avec un réseau de 80 professionnels, des psychologues et des avocats.


Ce qui fait aussi la force d’Enfance et Partage, c’est l’étendue de la mission qu’elle s’est donnée : protéger (prévention), défendre (accompagnement juridique) et accompagner (aspect psychologique) les mineurs victimes de violences.


Enfance et Partage est une des rares associations à agir tout au long du processus amenant aux violences envers les mineurs : en amont par la prévention, pendant par la prise en charge des cas de violences, grâce à l’accompagnement à la fois juridique et psychologique des victimes. Enfance et Partage agit aussi en aval, même lorsque les victimes sont mortes, pour faire entendre leur parole. Enfance et Partage peut enfin se constituer partie civile pour que la parole des victimes soit entendue et que justice leur soit faire. A chaque fois qu’Enfance et Partage peut peser sur les décisions politiques, elle le fait, toujours pour qu’il y ait des progrès en faveur de l’intérêt de l’enfant. L’association est d’ailleurs membre du COFRADE (Conseil français des associations pour les droits de l’enfant) et du CNPE (Conseil national de la protection de l’enfance).


Quels sont les leviers d’action d’Enfance et Partage en termes de prévention ?


Depuis 2014 Enfance et Partage a fait le choix de changer son axe prioritaire. Nous avons alors fait de la prévention notre objectif prioritaire, tant au niveau des enfants que des professionnels en charge d’enfants.


Dans les cursus de formation, les professionnels en charge d’enfants ne sont pas ou peu formés sur la maltraitance. Les professionnels sont partagés entre le secret professionnel et le droit d’alerte. Ils ne savent pas trop se situer. Aussi avons-nous construit pour les professionnels en charge d’enfants un outil qui s’appelle PRESA (prévenir, repérer, écouter, signaler, agir). Il s’adresse à un public divers (assistantes maternelles, enseignants, infirmières animateurs, éducateurs, gendarmes, crèches...). L’objectif est d’expliquer ce qu’est le processus de violences, à quel moment on peut dire qu’il y a violence, quelles sont les formes de violences, les signes avertisseurs, les outils et les circuits d’action administratifs et judiciaires.


Pour les enfants, nous avons pour les 0-3 ans et même pendant la grossesse, le service APB (Allo Parents Bébé). C’est un service gratuit et anonyme d’aide à la parentalité. Cela peut être pour de futures mamans anxieuses, lorsque le bébé arrive… Le but est d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents, dès la grossesse et jusqu’à 3 ans.


Mais la prévention se poursuit dans le parcours scolaire puisque Enfance et Partage dispose d’un agrément de l’Éducation nationale. Nous intervenons dans les écoles, de la maternelle au lycée, et ceci à deux niveaux :

- un premier niveau, l’information sur les droits pour les 8-11 ans, du CE2 à la 6e ;

- et un deuxième niveau, la sensibilisation aux gestes d’autoprotection (c’est-à-dire comment je fais respecter mes droits), de la maternelle (grande section) au lycée.


L’information sur les droits (par rapport à la CIDE, la Convention internationale des droits de l’enfant) se fait par l’intermédiaire d’un jeu pédagogique réalisé par Enfance et Partage et validé par des experts : « En route vers mes droits ». Ce sont des séances d’environ trois heures avec quatre animateurs. C’est comme un jeu de l’oie. Nous avons choisi sur ce parcours neuf droits. Les enfants sont extrêmement participatifs. Ils ont parfois entendu parler des droits parce que c’est au programme, mais je pense que les enseignants n’ont pas le temps d’aller dans la représentation de ces droits par l’enfant. Ils commencent à intégrer grâce au jeu ce que signifie avoir des droits dans la réalité. Certains droits sont plus accessibles que d’autres, comme le droit aux loisirs, à la santé, à l’éducation. D’autres droits sont plus difficiles à appréhender, comme celui d’être un enfant et le droit à être protégé, ce qui inclut la protection contre l’inceste. Nous avons des jeux très simples : rébus, quiz, sudoku, saynètes de théâtre…


La sensibilisation à l’autoprotection se pratique dans des séances d’éducation préventive (deux séances d’1h30). C’est une forme d’éducation aux gestes. Il faut s’approprier les gestes. On apprend une règle que les enfants retiennent tout de suite, la règle des trois P avec les gestes appropriés : « Je suis prudent » (geste : ils mettent les deux mains en avant pour repousser la situation), « Je me protège » (geste : ils croisent les deux mains sur les épaules devant eux), et « Je parle » (geste : ils mettent les deux mains en avant, ouvertes, pour dire qu’ils vont livrer leurs blessures, leur message ou leur souffrance). Ce sont des choses très accessibles aux enfants.


Nous avons créé une mallette d’outils dans laquelle nous partons d’histoires courtes, de situations à risque vécues par des enfants. Par des échanges, le but est de les amener à reconnaître une situation dangereuse, à réagir et à savoir à qui parler.

Pour chaque niveau d’âge, nous avons créé des protocoles et des outils adaptés.

Par exemple, à la maternelle, nous utilisons un livre qui s’appelle Petit doux. Comment un loup qui apparaît gentil avec le mouton devient une menace, l’écrase et comment Petit doux doit se dégager et dire non au loup. C’est souvent l’occasion de libérer la parole de l’enfant.


Pour les autres niveaux, il y a d’autres outils. Un protocole et une fiche d’animation réalisée par la commission éducation préventive sont également fournis aux bénévoles. Les ados, eux, sont fortement intéressés par l’aspect juridique. Nous travaillons sur des faits divers locaux, à l’aide du Code junior, Les droits et obligations des moins de 18 ans (éditions DALLOZ). Nous préparons actuellement d’autres outils à destination des adolescents.


Comment fonctionnent les comités locaux en pratique ?


Sur chaque comité, nous avons une permanence d’écoute assurée par des bénévoles. Les bénévoles sont en capacité de soutenir les familles, de valoriser les compétences parentales. Lorsqu’il s’agit d’une suspicion de violences ou de violences avérées, les bénévoles ouvrent des dossiers qui sont ensuite suivis par le service juridique.


Chaque comité a un numéro de téléphone propre et se fait connaître localement grâce à des partenariats et des actions événementielles. Nos bénévoles sont fortement engagés. Ils réalisent à la fois des interventions dans les écoles, des permanences d’écoute et des actions événementielles.


Comment fonctionne le numéro vert « Allo maltraitance » ? Qui peut vous contacter à ce numéro ?


Au niveau du siège, nous avons deux numéros verts.

Je vous ai évoqué le numéro APB « Allo Parents Bébé » dans le cadre de la prévention précoce.


Le second numéro vert, « Allo maltraitance », premier numéro de signalement anonyme et gratuit, créé par Enfance et Partage en 1988, est une cellule d’écoute, de conseil et de soutien pour les enfants victimes de violences et leur famille. Il est ouvert en semaine de 10 h à 18 h. Ce numéro permet à quiconque d’appeler en cas de situation difficile ou de suspicion de violence envers un enfant. Comme une grande partie des violences faites aux enfants le sont dans le milieu familial ou proche, ce peut être des parents ou grands-parents inquiets. Ce peut être également la victime elle-même.

Appeler ce numéro est un geste qui permet de briser la loi du silence, de ne plus se sentir seul, d’avoir une écoute neutre qui peut permettre la mise en place d’actions (ouverture de dossiers, signalement...). Mais surtout, appeler, c’est peut être enrayer à temps les conséquences de la violence.


Qui sont les bénévoles formés qui interviennent sur toute la France ? Ont-ils des profils particuliers ?


Ce sont en majorité des femmes. Les bénévoles sont souvent des personnes à la retraite, la moyenne d’âge se situant au-delà de 60 ans il me semble. Les bénévoles sont pour une grande part issus de l’Éducation nationale, du secteur de la santé, du secteur social, du secteur juridique.


Tous les bénévoles doivent suivre un cursus d’un an. Nous les accueillons au siège pour la première journée d’intégration. Nous leur faisons connaître l’association, les missions, nous leur présentons les salariés du siège. Ensuite, il y a deux jours, une journée de formation de base orientée psychologie et une journée de formation de base orientée juridique. Puis, ils entrent dans le cycle de formation à l’éducation préventive. Nous les recevons trois week-ends par an pour les former aux outils par niveau : module 1 (maternelle au CE2), module 2 (CM1-CM2), module 3 (collèges et lycées). Ce cycle est obligatoire. Et avant même d’entrer dans ce cycle de formation, il faut avoir effectué des temps d’observation auprès de bénévoles formés. Puis les bénévoles sont formés régulièrement. Par exemple, grâce à un module de formation à l’écoute. Les psychologues accompagnent également les bénévoles qui travaillent pour le numéro vert « Allo maltraitance ». Ils ont des rendez-vous réguliers avec le psychologue et le juriste pour traiter les dossiers, les appels. Les bénévoles sont des personnes formidables parce que pour effectuer toutes ces missions, il faut être vraiment investi.

Les deux numéros verts

Allo maltraitance : 0 800 05 1234

Allo Parents Bébé : 0 800 00 3456

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