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Rencontre avec... Patrick Bard


Continuons à faire connaissance avec les auteurs dont les ouvrages ont été sélectionnés par la rédaction de Kezako mundi pour concourir lors de la 2e édition du prix Kezako de la littérature jeunesse. Aujourd'hui, partons à la rencontre de Patrick Bard, auteur de POV : Point of view.




Pourquoi avoir choisi ce titre POV : Point of view ?


Parce que les videos « Point of View » arrivent en tête des vidéos proposées en cybersexe. L’un des deux acteurs, en général l’homme, tient la caméra en même temps qu’il joue et que l’actrice le regarde, en caméra subjective. Ce mode vidéo permet une baisse des coûts de production, car deux personnes assument trois fonctions. De plus, la caméra subjective donne au spectateur l’impression que le regard de l’actrice s’adresse à lui. Enfin, dernière raison de ce choix, je voulais un titre qui ne soit pas clairement explicite. C’est pourquoi j’ai choisi un terme technique.


Le thème de votre livre est peu abordé en littérature jeunesse. Pourquoi avoir souhaité traiter ce thème ?


Justement parce qu’il est peu abordé ! Parce que les jeunes sont souvent seuls face aux écrans (les adultes aussi !). Je pense que la littérature jeunesse devait adresser un récit sur ce thème à ses lecteurs. J’aime les défis. Ecrire un roman pour la jeunesse sur cette question sans décrire, ni sombrer dans le porno, c’était un vrai challenge pour un auteur. En termes d’écriture, c’était très intéressant. L’autre raison, c’est qu’en réalisant l’enquête pour mon roman précédent Et mes yeux se sont fermés, je me suis aperçu que des recruteurs en ligne pouvaient générer une vraie addiction à un réseau social. Je me suis alors posé la question de l’addiction aux écrans. Et quand j’ai fait ma recherche, il est clairement apparu que le cybersexe était loin devant toute autre forme d’addiction numérique. Quelques chiffres pour illustrer ce propos : 117 milliards de connexions annuelles, les deux plus gros sites pornos arrivent devant Amazon en termes de fréquentation, l’âge moyen du premier visionnage d’une vidéo porno en ligne se situe entre 8 et 11 ans, 5 % des mineurs qui en regardent régulièrement contractent une addiction…


Au-delà de l’addiction, il y a une critique de l’industrie pornographique et de la représentation des femmes et des rapports sexuels. Quels sont les impacts selon vous sur les ados de cette représentation faussée ?


C’est une part très importante du roman. La cybersexualité peut devenir la seule sexualité de certains utilisateurs, mais elle fausse également les représentations des femmes, transformées en objet perpétuellement consentant et disponible, et celles des hommes censés être capables de performances chimiquement assistées qui relèvent de la fiction. Le risque est que les ados prennent tout cela pour argent comptant au mépris de leurs désirs réels, filles et garçons pensant que ces vidéos reflètent ce que doit être la sexualité. Il en résulte de la peur, de la frustration, la crainte de ne pas être à la hauteur pour les garçons, une image dévalorisée, un détournement du désir et du plaisir en ce qui concerne les filles. Et au final, un modèle imposé. La réalité est bien plus maladroite et bien plus intéressante parce qu’éminemment plus imprévisible. En effet, en amour, il n’existe pas vraiment de modèle !


Quel lecteur étiez-vous adolescent ?


Il y a chez tout écrivain un gros lecteur. J’étais affamé d’histoires ! J’étais un lecteur hétéroclite qui lisait partout et tout le temps, sous les couvertures à la lueur d’une lampe de poche, et même à table, ce qui est très impoli et rendait mes parents furieux, à juste titre ! La lecture était un moyen de m’échapper. Les jours où il n’y avait pas cours, j’adorais faire la grasse matinée avec un bon bouquin.


Aviez-vous une lecture fétiche, et si oui laquelle ?


J’ai dû relire au moins trois ou quatre fois Le vieil homme et la mer, d’Ernest Hemingway, et Cristal qui songe de Theodore Sturgeon. Des BD, aussi. J’avoue une préférence pour Gaston Lagaffe, sa mouette et son chat ! J’aimais également beaucoup la littérature fantastique, HP Lovecraft, Jules Verne, Edgar Poe. Je lisais aussi Boris Vian et les poètes maudits, Lautréamont et Baudelaire en tête. A la vérité, nous avions si peu accès à des auteurs vivants que j’ai longtemps pensé qu’un écrivain était quelqu’un qui était forcément mort ! Heureusement, tout ça a bien changé !


POV : Point of view, Patrick Bard, éditions Syros

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