Lettre ouverte aux ados que je ne connais pas...
Isabelle Bouchex est conteuse, chanteuse et formatrice. Elle place haut le lien qu’elle tisse avec son public lors de ses spectacles et ateliers, ou plutôt devrait-on dire ses publics puisqu’elle s’adresse à tous les âges.
La parole, les mots ont une force. Celle de relier les personnes, de donner à voir différentes visions du monde, de nous enrichir pour nous permettre de nous forger nos propres univers, nos propres idées, notre propre parole.
Aujourd’hui, elle a choisi de s’adresser en particulier aux adolescent-e-s. En cette période de pandémie, de confinement, il est sans doute encore moins aisé de se construire, loin de ses ami-e-s et en huis clos avec sa famille, en foyer d’accueil ou ailleurs.
Par ces mots, elle souhaite lutter contre la peur, qu’on instrumentalise pour brider les esprits et nous monter les uns contre les autres. Elle souhaite aussi montrer que d’autres voies que la peur sont possibles, même dans une période aussi singulière que celle que nous sommes en train de vivre.
Et maintenant, laissons place à ses mots, qui vous en inspireront certainement d’autres, des mots bien à vous, c’est ce que l’on vous souhaite ! Prenez la parole, pensez, vivez !
Début de la « Lettre ouverte aux ados que je ne connais pas » d’Isabelle Bouchex :
"A vous qui me lirez peut-être, ici ou là,
vous qui avez quinze ans, seize, dix-sept peut-être. J’en aurai quarante bientôt. Je pense à vous
aujourd’hui, confiné.e.s chez vos parents ou dans un foyer d’accueil, au sein d’une cité ou au coeur d’un
jardin printanier. Vous qui déjà en temps ordinaire balancez entre hier et demain, entre enfance et âge
adulte, comment vivez-vous ce temps d’entre-deux mondes ?
Dents de scie, montagnes russes, silence, fous-rires et sanglots : de mes quinze ans je me souviens. Les
doutes. Le désir. L’impatience. J’avais quinze ans, et autour de moi les adultes parlaient trop fort. Dans
leur voix, les mots sida, MST, chômage, SDF. Et cette obsédante question : « tu n’as pas trop peur pour
ton avenir ? ». Peur ? Bien sûr que j’avais peur. Comme tous les êtres vivants qui n’ont pas oublié qu’ils
avaient un coeur, j’avais peur, oui. Peur de rester seule, de ne pas être aimée. Peur du vide en moi. Peur
des regards moqueurs quand je traversais la cour du lycée, vêtue d’une veste démodée. Peur que mon
père, malade, meure sans que j’aie pu l’embrasser une dernière fois. L’avenir ? Je n’y pensais pas. C’était
un luxe que je ne pouvais pas m’offrir, trop occupée que j’étais à essayer de vivre au présent.
Aujourd’hui, je pense à vous, à vos quinze ans confinés. Comment vivez-vous ? (...)"
Cliquez ici pour accéder à l'intégralité de la lettre au format PDF
Pour en savoir plus à propos d’Isabelle Bouchex : https://www.1001voix.fr