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Rencontre avec... Catherine Dabadie



Catherine Dabadie, autrice de Dernière Manche, en lice pour le Prix Kezako de la littérature jeunesse 2023, nous en dit plus sur le lien entre ses deux protagonistes principaux au vécu très différent, mais qui se rejoignent autour d'un projet commun.


Lors de vos recherches pour ce roman, avez-vous pu rencontrer de jeunes migrants ?


Oui et non ! Lorsque je vivais à Rome, entre 2014 et 2019, des milliers de migrants débarquaient alors dans des conditions épouvantables sur les côtes italiennes. A l’occasion d’un reportage, j’ai visité un centre d’accueil pour « mineurs non accompagnés ». Comme ils étaient trop jeunes, on ne m’a pas autorisée à interroger les adolescents qui avaient échoué là, seuls et sans famille. J’ai pu voir leurs chambres, leurs lieux de vie, le jardin dans lequel on leur faisait faire de menus travaux… Cette visite m’a marquée, même si aucune parole n’a été échangée.


Pourquoi avoir choisi de lier ces deux adolescents autour d’un projet commun ?


Je voulais en faire des partenaires, des associés, les mettre sur un pied d’égalité, éviter de tomber dans le piège du regard condescendant ou misérabiliste porté sur la figure du migrant. En dépit des injustices de départ, Hazrat et Manoé sont mus par une même énergie, une même détermination propre à leur âge. Ils ont chacun leurs points forts et leurs faiblesses, ils ont besoin l’un de l’autre. Ce projet commun, c’était aussi une façon de symboliser (et peut-être idéaliser !) ce rapport nécessaire entre les populations.


Pourquoi avoir choisi de vous placer du point de vue de Manoé ?


Pour être honnête, j’avais sans doute plus de facilité à me glisser dans la peau d’un collégien de France que dans celle d'un adolescent d’Afghanistan ! J’avais peur de tomber dans certains clichés, ou parfois dans le faux, en faisant parler Hazrat car je connais moins sa culture. Mais surtout, je voulais que les jeunes lecteurs de France fassent leur chemin en même temps que Manoé, qu’ils ouvrent les yeux sur une réalité souvent méconnue, celle de ces mineurs étrangers, débarquant dans notre pays, seuls et sans famille, privés de tout, sauf de leur volonté de s’en sortir.



Dernière manche, Catherine Dabadie, éditions Actes Sud Jeunesse, 15,90 €, dès 13 ans, 280 pages



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