Rencontre avec... Claire Cantais
En lice également pour ce 3e prix Kezako de la littérature jeunesse : Jours sauvages, de Claire Cantais. Son auteure aujourd'hui plante le décor et nous en dis plus sur cette intrigante histoire...
Pourquoi avoir choisi ce thème d’une colo atypique sur la survie en pleine nature ?
Le mouvement survivaliste, ses motivations, ses origines comme ses dérives, me fascine, j'avais envie de m'en emparer. Je suis moi-même très attirée par la nature, je souhaite en être proche, vivre à un rythme différent. La colo survivaliste constituait par ailleurs un cadre parfait pour mon groupe de personnages. Ainsi coupés de tout, sans aide extérieure ni outil technologique, ils vivent une sorte de huis clos à ciel ouvert. Ça m'intéressait de confronter des jeunes citadins à la vie sauvage. J'observe leur comportement : l’émerveillement de Lucie, la distance légèrement sarcastique d’Angelo, la peur d’Eugène, le rejet de Nolan, autant de réactions possibles face à l'inconnu.
Comment vous êtes-vous documentée sur ce sujet ?
Je me suis documentée avec des livres et sur internet, mais cela restait des informations, j'avais besoin d'expérimenter. J’ai donc participé à un stage survivaliste qui proposait de partir en forêt un week-end sans rien : pas de provisions, pas d'eau, pas de tente ni duvet... J’y allais un peu la peur au ventre, mais ça a été une expérience formidable. On a appris à faire du feu avec des bâtons, construit une cabane, tué et mangé un lapin à six heures du matin, pas dormi de la nuit parce qu'il faisait trop froid... On a aussi rigolé et on s'est entraidés. Toutes ces sensations m'ont imprégnée et ont nourri mon roman.
Il y a une riche galerie de personnages dans votre roman. Y en a-t-il que vous avez eu particulièrement plaisir à créer ? Lequel est, pour vous, le plus attachant et lequel est le plus complexe ?
Joe a été au centre de mes préoccupations. J'ai pris plaisir à le dévoiler doucement, par petites touches, parfois par le regard des autres. J'aime aussi Maud, qui reste un peu en périphérie. J'avais d'autres choses en tête sur elle au départ, mais je ne les ai pas gardées, pour me concentrer sur les jeunes. Du coup elle apparaît plus flippante que touchante, mais ça n'est pas grave, chacun, après, peut se raconter ce qui se lit en creux. Nolan a été ma surprise. Je ne l'avais pas vraiment calculé, il était là au début pour remplir son rôle de type désagréable, et puis j'ai eu beaucoup de plaisir à le faire vivre, parler. Il s’est peu à peu imposé, a évolué, et c’est sans doute à lui que je me suis le plus attachée en fin de compte.
Qu’est-ce qui dans ce roman touche selon vous le plus les adolescents ?
Je pense que la plongée dans un univers naturel, sauvage, différent de ce que nous connaissons habituellement, offre plein de pistes d'évasion. Mais ce qui plaira le plus j'imagine, c'est le côté thriller. J'ai essayé de faire en sorte que l'inquiétude s'installe progressivement, et que les événements s'enchaînent suffisamment rapidement pour qu'on n'ait pas envie de quitter le livre.
Jours sauvages, Claire Cantais, éditions Syros
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