Géographie de la peur
Maureen s’isole petit à petit, d’elle-même, et parce que certain·e·s de ses ami·e·s se détournent d’elle à cause de ce qu’ils appellent très maladroitement son « truc ». Ce « truc », elle en connaît les termes médicaux : agoraphobie et TAG pour « trouble anxieux généralisé ». Mais mettre des mots de médecin dessus ne l’aide pas vraiment, d’autant que personne n’a la solution pour arriver à vivre avec ses symptômes, des symptômes qu’elle ressent mais qu’elle ne parvient pas véritablement à expliquer. Elle essaie pourtant, mais face à elle soit les gens minimisent, dédramatisent, soit ils écoutent à peine et la prennent pour une fille un peu dingue qui devrait se reprendre en main. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’elle ne sait pas comment en sortir, comme si elle était prisonnière d’elle-même, en proie à de telles attaques de panique que faire ne serait-ce que quelques mètres dans la rue est devenu un challenge impossible à relever. Seul Jérôme reste, écoute, l’accompagne, patiemment, et même se renseigne et tente de lui proposer des alternatives pour vivre avec cette squatteuse en elle qui lui gâche la vie en la paralysant sans crier gare.
Qu’en dit Kezako ?
À la lecture, on cerne bien toute la complexité des symptômes dont souffre l’héroïne. En même temps on espère avec elle qu’elle trouvera la force et les moyens de sortir de la prison interne construite par son propre cerveau ; et en même temps on comprend aussi l’impatience de ses proches. Comment comprendre des symptômes indicibles, de l’ordre d’un ressenti psychique ? Comment trouver la bonne attitude pour aider la personne qui en souffre ? Trop d’empathie ou pas assez ? L’encourager à sortir malgré tout ? Et de son côté à elle, la souffrance apparaît double : elle émane tant du fait d’être enfermée en elle-même que du regard des autres, tour à tour indifférents, peinés mais impuissants ou encore exaspérés.
Pour en savoir + : Géographie de la peur, Claire Castillon, éditions Gallimard jeunesse, 10,50 €, dès 13 ans, 176 pages
