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Zoom sur "Primo Levi, Non à l'oubli"


Comment ne pas laisser tomber dans l’oubli les atrocités commises par des êtres humains envers d’autres êtres humains pour que jamais elles ne se répètent ? C’est la question posée par ce livre qui retrace le combat pour la mémoire qu’a amorcé Primo Levi alors qu’il était encore détenu dans le camp d’Auschwitz.


Le témoignage bien sûr est essentiel, mais comme le soulignent les auteurs, il est imparfait et il arrive que le témoin lui-même, face aux atrocités qu’il vit, oublie pour pouvoir survivre. Il arrive aussi que son entourage l’incite à oublier, à ne pas témoigner pour ne pas remuer un vécu trop douloureux et qui peut exclure. En effet, être un survivant peut effrayer et inspirer un sentiment de gêne et de culpabilité chez ceux qui ne l’ont pas vécu, alors même qu’ils n’étaient pas là, alors même qu’ils n’ont rien à se reprocher. Pourquoi cette culpabilité ? Elle est la culpabilité de faire partie de cette humanité capable de tant d’horreurs. Pourtant, la mémoire est fondamentale pour que ces atrocités ne soient pas niées, pour que la réalité ne soit pas déformée, pour que ces drames ne soient pas répétés. Mais le témoignage seul ne suffit pas pour retracer l’histoire. Pour cela, il faut aussi des preuves tangibles, concrètes, des documents, d’où le travail, essentiel lui aussi, de tous les combattants de la mémoire qui ont traqué jusqu’aux confins du monde les criminels de guerre en fuite, en exil.


Qu’en dit Kezako ?


Présenter le combat de Primo Levi à travers la complicité entre ce dernier et un enfant en quête de vérité sur ce qu’a vécu son propre grand-père pendant la guerre est une très bonne idée. Cela permet aux jeunes lecteurs de s’identifier à ce garçon qui a soif de vérité et pressent dans le silence de son grand-père l’horreur de ce qu’il a vécu. Cela permet aussi de mesurer le doute, la crainte qui peut assaillir tout Européen quant à ses origines. Nos grands-parents, de quel côté étaient-ils pendant cette terrible guerre ? Que signifie le silence de certains d’entre eux ? Signifie-t-il qu’ils étaient du côté des bourreaux et ont peur de ce qu’ils risquent, d’être taxés de complicité avec les nazis ? Signifie-t-il au contraire qu’ils ont été victimes et que la douleur est trop grande pour qu’ils parviennent à l’évoquer, a fortiori avec leurs proches ? Ou signifie-t-il qu’ils n’étaient que des anonymes ne sachant pas comment se positionner, ni nazis, ni combattants de la mémoire, mais qui ont pu avoir honte ensuite de s’être tus, d’avoir regardé ailleurs pendant que des violences étaient commises sous leurs yeux ? C’est toute la complexité de ces questions et de la mémoire si variable et vivante qui est évoquée avec justesse dans ce court texte, à travers cette relation entre un écrivain dont le combat est connu mondialement et ce jeune garçon bouleversé par la lecture qu’il vient de faire (la lecture à l’école de Si c’est un homme de Primo Levi) et qui a généré tant de questions. Ce texte interroge aussi sur l’après, sur le combat pour la mémoire une fois tous les témoins disparus.


Primo Levi, Non à l’oubli, de Daniele Aristarco et Stéphanie Vailati, éditions Actes Sud Junior, collection

« Ceux qui ont dit non », dès 12 ans, 9 €, 96 pages


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